• Composition des couleurs à partir du RVB



    L’article sur les capteurs de compacts vous ayant plu, je vous écris aujourd’hui un autre article sur la composition des couleurs. Nous avons donc vu dans un article récent que nos capteurs étaient recouverts de filtres RVB (rouge, vert, bleu) qui compose la matrice de Bayer afin de rendre les couleurs.

    Pour rappel voici un extrait complémentaire, que je vous avais posté dans un commentaire, de la composition de la matrice de bayer qui recouvre le capteur dont les photosites sont au départ monochromes.

    (Si ça vous parait obscur passez à la section B plus facilement compréhensible ;-) )

    A) Extrait :

    Un capteur présente un certain nombre de millions de photosites. Un photosite est d’origine monochrome, il fait partie des parties physiques du capteur, c’est grâce au filtre de Bayer au dessus du capteur que sont affectées les couleurs. Les couleurs manquantes (puisque le filtre de Bayer ne comprend que le rouge, le vert et le bleu) sont ensuite reconstituées par interpolation des couleurs correspondantes des photosites voisins. Le pixel en est donc le rendu à la sortie.

    Un pixel est l’information renvoyée par 4 photosites. Mais la structure de la matrice de Bayer permet aux pixels de se partager les photosites.

    (Pour la technique) Ainsi pour la majorité des capteurs « classiques » (canon/Nikon/sony/Pentax etc, les capteurs Fuji et Fovéon ayant une construction différente) :


    bayer

    (A,B,C… vertical et 1,2,3… horizontal)

    Le pixel A1 est composé des photosites A1-2 et B1-2 (2 vert, 1 rouge, 1 bleu)
    Le pixel A2 est composé des photosites A2-3 et B2-3 (2 vert, 1 rouge, 1 bleu)
    Le pixel B1 est composé des photosites B1-2 et C1-2 (2 vert, 1 rouge, 1 bleu)
    Le pixel VH (Vertical Horizontal) est composé des photosites VH, V(H+1), (V+1)H, (V+1)(H+1)
    etc…
    Les pixels se chevauchent
    Donc pour un capteur de H x L pixels, il y a (H+1) x (L+1) pixels

    X millions de photosites correspondent aux millions de pixels annoncés, seulement, les photosites ont une seule composante R, V ou B selon la matrice de bayer , là où les pixels auront été traité par le boitier de manière à reconstituer une couleur RVB par pixel (interpolation sur les couleurs des photosites)

    Photosite = Point de base de capture de lumière sur le capteur (1 composante par photosite)
    Pixel = point de base sur le fichier informatique (3 composantes par pixel).

    Voilà pour le rappel.


    B) Ce qui nous intéresse aujourd’hui c’est de savoir comment les autres couleurs réelles de ce que nous voyons sont composées à partir du rouge du vert et du bleu. Ceux qui ont des notions de peinture savent déjà comment ça se passe mais tout le monde n’est pas peintre, cet article va donc vous aider à mieux comprendre.

    Rouge vert bleu, abrégé RVB (ou RGB de l’anglais red green blue), est un format de codage des couleurs.

    Ces trois couleurs employées par le filtre de Bayer sont ce qu’on appelle « les couleurs primaires » en synthèse additive. L’addition des trois donne du blanc pour l’oeil humain comme on peut le voir sur le graphique que je vous ai mis en haut d’article.

    Quand on les couple deux à deux ces couleurs donnent les couleurs dites secondaires en synthèse additive :

    La couleur cyan (mélange de vert et de bleu) : 0%-100%-100%
    La couleur Magenta (mélange de rouge et de bleu) : 100%- 0%-100%
    La couleur jaune (mélange de rouge et de vert) : 100%-100%-0%

    (La synthèse soustractive serait impossible avec des pigments ne laissant passer qu’une seule longueur d’onde : toute superposition de deux d’entre eux ne saurait produire que du noir, plus aucune longueur d’onde n’étant commune aux deux. Pour cette raison, la synthèse soustractive est bien plus délicate et nécessite bien plus de corrections suivant les composants utilisés.)

    En plus des couleurs primaires et secondaires d’autres couleurs complémentaires peuvent être obtenues par des mélanges plus subtils exemple : 100% -50% -28%. On peut donc à partir de ces trois couleurs primaires obtenir une infinité de couleurs.

    En photographie chaque composante est codée en 8 bits sur 256 niveaux de 0 à  255. Ce sont les valeurs qui seront par exemple affichées lorsque vous passer la pipette dans Photoshop sur votre image et que vous pouvez lire dans la fenêtre infos. Vous pouvez alors savoir quelle pourcentage de rouge, de vert, et de bleu comporte le point sur lequel vous avez arrêté votre pipette.

    Par exemple un rouge pur sera indiqué par : 255, 0, 0.

    Ce qui est très intéressant par exemple si vous voulez vérifier que le blanc du pull de votre enfant est bien retranscrit comme blanc, le blanc se traduisant par : 255, 255, 255
    Si votre blanc vous donne les valeurs par exemple de 255, 252, 239 ce n’est pas un blanc pur, car on a bien 255 pour le rouge, mais 252 pour le vert et 239 pour le bleu.

    On voit donc qu’à partir de ces seules trois couleurs de base de la matrice de bayer, et à partir de 4 photosites, l’appareil photo est capable de nous donner une multitude de nuances par un mélange subtil des couleurs des photosites filtrés pour composer chaque pixel. (c’est beau la technique informatique hein ! ;-) )

    La plupart des boitiers experts vous proposent aussi, souvent, dans les menus de choisir votre espace couleur : sRVB ou Adobe RVB ce qui au départ peut vous paraitre aussi chinois que mon article ;-)

    En fait il existait au départ une seul espace couleur : le RVB mais qui n’était pas codé sur 8 bits par couleur, on avait donc un espace colorimétrique très réduit, puis un jour est apparu le sRVB que la majorité d’entre nous ont traduit par « Super » RVB  alors que c’était le nouvel espace colorimétrique « standard » qui sera utilisé en photographie, en mise en page et également pour les écrans de nos ordinateurs : « standardised Red, Green and Blue ». Ceux qui ont connus les premiers écrans couleurs de PC se rappelleront le changement (avant on avait le choix entre 8 et 16 couleurs par exemple !) Le sRVB a donc été une révolution.

    Puis il y a quelques années est arrivé le Adobe RVB. Comme personne à part les pros ne savait ce que c’était, tout le monde a continué à utiliser le sRVB pensant que c’était mieux. C’est une erreur car notre sRVB n’était pas un super RVB mais seulement un standard RVB. L’adobe RVB permet d’avoir beaucoup plus de nuances intermédiaires dans une même couleur, donc des dégradés bien plus lissés par exemple.
    Ainsi, le profil, adobe RVB est plus large que le sRVB, lui même plus large que le RVB.

    Sur le graphique vous vous rendrez mieux compte de la différence de couverture entre le sRVB et le Adobe RVB :

    srv_rvb_adobe
    On note une couverture des tons bleus et des tons verts bien plus importante en Adobe RVB qu’en sRVB. Si vous prenez beaucoup de photos de paysages vous avez donc un grand intérêt à régler votre boitier sur l’espace couleur Adobe RVB plutôt que sur le sRVB.

    Le seul souci est que pour voir la différence de ces deux espaces il faut avoir un écran d’ordinateur capable de les afficher, la plupart des écrans actuels étant la plupart du temps réglés pour un affichage en sRVB certaines nuances délicates ne vous apparaitront donc peut-être pas à l’écran, par contre si vous faites des tirages vous retrouverez toutes les nuances. Pour visualiser toute l’étendue du spectre Adobe RVB l’idéal étant de posséder un écran d’ordinateur « Wide Gamut », cependant à l’heure actuelle ces écrans sont encore très (trop) cher.

    Pour plus de détails sur le sRVB et l’Adobe RVB rendez-vous sur cette page :

    Espace couleurs_sRVB_ou_Adobe_RVB

    Une chose très importante : Pour vos retouches il ne faut jamais convertir un fichier d’origine sRVB en Adobe RVB vous vous retrouveriez avec des couleurs qui ne seront plus conformes, le sRVB manquant d’informations pour être traité en Adobe RVB. L’inverse est cependant possible et c’est ce qui se passe par exemple quand vous enregistrez une photo prise en Adobe RVB pour le web avec la fonction « Enregistrer pour le Web ». La conversion d’Adobe RVB en sRVB est alors automatique, vousn’avez pas besoin de la faire vous-même. Si ce n’est pour le web qui ne reconnait pas l’Adobe RVB il n’y a aucun avantage à passer de l’Adobe RVB au sRVB.


    Note : Si la plupart des réflex vous offre la possibilité de prendre vos photos en Adobe RVB, c’est beaucoup plus rare sur les compacts, mais les compacts experts le proposent souvent (à régler dans le menu « Espace couleur »).





    9 responses to “Composition des couleurs à partir du RVB”


    • pepite

      Le lien pour retrouver l’article précédent qui vous a beaucoup plu et qui traitait des capteurs :

      Millions de pixels affichage et impression


    • pepite

      whaou déjà 3 petits coeurs !

      Et bien je sens qu’il va falloir que je vous fasse plus d’articles techniques ;-)

      Ca vous plait on dirait :-)

      Un petit P.S. qui est légèrement hors sujet mais la continuité de l’article, au niveau de l’imprimante, si une imprimante multifonction propose rarement l’impression de l’Adobe RVB, les imprimantes évoluées étudiées pour la photo type Epson R900r ou R1900 proposent dans les menus l’option Adobe RVB, n’oubliez pas de cocher cette option dans les menus de votre imprimante si vos photos ont été prises dans cet espace couleur, vous retrouverez toutes les nuances délicates de vos fichiers et les dégradés subtils que l’on avait avec l’argentique.

      Une autre question peut vous venir :

      Vous allez me dire, je ne fais jamais de tirage et si l’écran de mon ordinateur n’est pas capable d’afficher toutes les nuances de l’Adobe RVB quel en est l’intérêt pour moi ?

      Si vous avez lu l’article en annexe dont je vous ai donné le lien dans l’article, vous aurez vu que lors du post-traitement en jouant sur les courbes ou sur les niveaux on va jouer aussi sur les nuances, en sRVB il arrive souvent que lors du post-traitement sur les courbes on obtienne un histogramme « en peigne », certaines nuances étant absentes il y aura plus ou moins de trous entre chaque nuance. Même si ça ne sautera pas aux yeux le rendu final sera moins fin et moins harmonieux que si vous aviez traité une image prise en Adobe RVB comportant au départ plus de nuances. Le dégradé des nuances sera ainsi beaucoup mieux rendu même si votre image finira sur le web. (Il est évident que pour que cela soit pris en charge il faut aussi que votre logiciel de post-traitement soit capable de traiter les fichiers en Adobe RVB, si ce n’est pas le cas, votre fichier Adobe RVB sera traité en sRVB avec les limitations de celui-ci).

      Pour que la chaine soit complète il vaut mieux que le boitier soit réglé sur Adobe RVB, que le logiciel de traitement soit capable de gérer l’Adobe RVb, et que votre imprimante (si vous imprimez) le prenne en compte elle aussi. C’est ainsi que vous obtiendrez les meilleures images.


    • ppier

      T’es douée Pépites :-)
      bisous et bonne soirée


    • pepite

      Merci, c’est surtout que quand je me pasionne pour quelque chose j’aime bien allez au fond des choses, et depuis toutes ces années je ne me suis jamais lassée de la photo, des couleurs, des lumières et des ambiances :-)


    • Andrep

      J’en perdais mon latin… Chaque fois que je voulais ouvrir dans Photoshop (Cs2) mes photos RAW avec l’aide de DPP je tombais sur
       »non concordance des profils incorporés »….

      J’avais beau vérifier mon Canon 7D dans le menu > Espace couleur > Adobe RVB puis la configuration de Photoshop dans Edition > choix des couleurs >Adobe RGB : à chaque fois le même problème !

      J’ai, alors, lu ton écrit très pointu sur la composition des lumières et, fidèle parmi les fidèles à tes écrits, j’ai eu la révélation : vérifier si dans les arcanes de DPP, il n’y avait pas un réglage à effectuer et je tombe sur Réglage et là je constate de visu que mon Espace couleur de travail indique sRGB et non Adobe RVB. Euréka ! J’ai trouvé. Et dire que ça durait depuis des mois… Merci


    • pepite

      Bonjour André :-)

      Je suis super contente que mon article t’ai aidé à résoudre ton problème :-)
      Parfois on se demande bien ce qui ne va pas et l’on met des lustres à trouver. Effectivement dans DPP il y a plusieurs choses à régler dans le menu « Réglages ». J’avais fait un article sur DPP mais il y a bien longtemps, au moins 3 ans, il faudrait que je vérifie si il est toujours d’actualité.

      Tu aurais dû le lire, il y était marqué que l’on devait régler l’espace couleur à l’onglet « gestion des couleurs ;-) ).

      Le lien :

      Le Raw et Canon DPP c’est facile

      Si tu souhaites retrouver ultérieurement cet article sur DPP il est dans la rubrique « Sommaire post-traitement » dans le menu de droite du blog.

      Merci pour ton mot qui me fait bien plaisir :-)


    • Andrep
    • merci Pépite pour tout ces éclaircissements, c’est très instructif. Je comprends mieux maintenant pourquoi tu m’as fait régler mon K-r sur l’espace de couleur Adobe RVB. Un grand merci à toi :)


    • pepite

      Merci André et Olivier, je suis toujours ravie quand je peux rendre service :-)


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